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Délégation Japonaise à Toussus le Noble 1910 Coll. Aériastory |
Dès le début des relations entre la France et le Japon dans
les années 1860, le domaine militaire joue un rôle prépondérant. La France
apporte au Japon ses technologies et son savoir-faire, dispensé sur place par
ses ingénieurs, et fournit le matériel d’armement le plus récent.
De 1886 à 1890, c’est la modernisation de la Marine
impériale par l’ingénieur Émile Bertin qui conçoit ses nouveaux navires dont
certains sont commandés en France et à partir des années 1910, la France
fournit des avions de chasse et du matériel aéronautique.
Le Japon s’est intéressé à l’aviation, d’abord aux
montgolfières, dès la fin de la période d’Edo. C’est un Français, Yves Paul
Gaston Le Prieur (1885-1963), attaché naval auprès de l’ambassade de France à
Tokyo, qui, avec son ami le capitaine Aibara Shirō 相原四郎 (1879-1911), va faire
voler le premier planeur, construit de leurs mains en bambou et remorqué sur la
place d’Ikenohata à Ueno le 26 décembre 1909, sur une longueur de 130 mètres et
à une hauteur de 10 mètres.
Le premier pilote japonais est formé en France, il s’agit de
Tokugawa Yoshitoshi
徳川好敏
(1884-1963). Il rapporte de France un Henri-Farman avec lequel il effectue le
premier vol d’un avion au Japon le 19 décembre 1910 sur le champ de manœuvre de
Yoyogi à Tokyo. Le Henri-Farman, devenu célèbre, se retrouvera dans de
nombreuses illustrations.
L’année 1911 s’avère une année charnière pour le Japon : les
dirigeants politiques et militaires prennent conscience de l’importance de
l’aviation qui exerce un attrait stratégique par la garantie qu’elle offre en
matière de défense du pays et de protection de ses colonies, Formose et la
Corée. Pour se constituer une force aérienne, le Japon se tourne vers la France
qui est à l’avant-garde dans ce domaine, aussi bien sur le plan du matériel que
de la pratique. Une mission de la Marine impériale visite la France en 1911,
dirigée par le vice-amiral Shimamura Hayao 島村速雄 (1858-1923) qui visite l’école de
pilotage de Maurice Farman (1877-1964) à Toussus et fait son baptême de l’air avec
le célèbre industriel comme pilote. En décidant de répondre favorablement à
cette requête du Japon, la France pense à ses intérêts en Asie, notamment à
l’Indochine. Cette coopération entre, de plus, parfaitement dans le cadre de
l’arrangement de 1907.
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Un Farman à Oihama (Japon) |
Une relation étroite se construit dans ce nouveau
domaine de l’aviation, la France va transférer vers le Japon son savoir-faire
et ses technologies pendant plus de vingt ans : dès 1912, formation de nouveaux
pilotes japonais en France, fourniture d’avions Maurice Farman, Nieuport, Spad
et Morane-Saulnier. L’armée de terre installe une première base à Tokorozawa
dans le département de Saitama juste au nord de Tokyo, et la Marine sa première
base aéronavale près de Yokosuka à Oihama (plus tard Oppama) avec des
hydravions Maurice Farman, ensuite avec plusieurs Nieuport commandés en France
en 1913.
Par le jeu des alliances, dont l’arrangement de 1907, le
Japon déclare la guerre à l’Allemagne le 23 août 1914 ; le lendemain, une
escadrille de l’armée de terre, composée de quatre Maurice-Farman et d’un
Nieuport s’envole de Tokorozawa vers la Chine, suivie par celle de la Marine
composée des quatre hydravions récemment acquis en France. À la suite de
nombreux bombardements aériens, la concession allemande de Tsingtao (Qingdao)
tombe le 7 novembre.
Source
(https://journals.openedition.org)