Année 1946 - La proximité de la capitale et la renommée passée de
l'aérodrome de Toussus-le-Noble en font le site idéal pour le développement de
l'aviation de tourisme et d'affaires. Orly est alors l'aérodrome des longs
courriers et Le Bourget celui des liaisons européennes, que l'on veut
progressivement vouer au fret aérien.
Des kermesses aériennes et des salons professionnels
sont organisés à Toussus et connaissent un très
grand succès jusqu'au début des années soixante-dix.
Le nouvel aérodrome de Toussus ne ressemble ni à l'ancien aérodrome Farman, ni à Toussus-Paris.
Cette renaissance peut être datée du 24 octobre 1946, jour où le commandant
Henri Tessier, succède au commandant militaire Tromeur et ouvre le terrain à la circulation aérienne publique, ouverture confirmée par
l'arrêté ministériel du 6 février 1947 alors que le Normandie-Niemen est encore
là pour quelques
mois.
Le commandant Tessier cherche à faire de
Toussus-le-Noble un aérodrome agréable d'autant que l'idée d'un centre d'activités
de loisirs demeure dans les esprits. Les abords sont traités en pelouses et
massifs de fleurs, régulièrement entretenus, effaçant progressivement la trace
de l'histoire. Les sociétés et les aéroclubs qui s'installent sur le terrain
participent à l'aménagement de la zone Sud en
rénovant les hangars de Toussus-Paris et ceux construits hâtivement pour le
Normandie-Niemen, en établissant de nouveaux hangars dont des abris allemands
et par des constructions neuves, comme l'élégant bâtiment d'Air Tourist.
Pour vanter les mérites de l'aérodrome de Toussus-le-Noble,
Henri Tessier retrouve les arguments des frères Farman : l'attrait d'une région à vingt
minutes du centre de Paris, le château de Versailles et la vallée de Chevreuse,
prétextes à d'agréables promenades
aériennes, la possibilité de déjeuner dans un cadre privilégié et original.
Reprenant aussi le rêve de Toussus-Paris, l'aérodrome est
qualifié, en 1954, de futur centre touristique bientôt doté de tennis, de
terrains de volley-ball, de boules ou de « méridionale
pétanque » sans oublier un parc de jeux pour les enfants.
22 Avril 1946,
première manifestation aérienne de l’Après-Guerre
Le premier Salon aéronautique de France après guerre
intervient dans le cadre du deuxième Congrès national de l'aviation qui se
tient à la Sorbonne du 15 au 25 avril
1946. Deux mille sept cents congressistes (savants, ingénieurs, industriels,
techniciens, ouvriers, civils et militaires) se penchent sur l'avenir de
l'aviation française où tout est à
reconstruire.
Le lundi de Pâques, 22 avril 1946, le congrès se rend à Toussus-le-Noble pour une présentation d'avions de tourisme
et de planeurs.
Tôt dans la matinée, les badauds arrivent et, depuis les
barrières de sécurité engagent la conversation avec les pilotes et les
constructeurs présents auprès des appareils quand un camion décharge un avion
en pièces détachées : comme l'avait fait REP
autrefois, en dix minutes, un avion, le SECAT RG60 est monté et mis en place
sur la pelouse.
L'après-midi, le public s'enrichit de visages connus : Henri Farman, Maryse Bastié, Charles Dollfus, Robert Morane,
plusieurs officiers du Normandie-Niemen dont Robert Marchi, qui faisait aussi partie du Bureau du Groupe Aérien du Touring Club, ainsi que des officiers russes, anglais et américains.
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Programme Salon Aéronautique 22-04-1946 Toussus le Noble Revue Décollage - 19/04/1946 Gallica - bnf |
Vers 15 heures, Charles Tillon, ministre de l'Armement, arrive
avec son jeune fils et se montre soucieux du prix des avions qu'on lui présente
: l'État est à la recherche de l'avion d'aéroclub économique.
Une vingtaine d'appareils est présentée en vol: les pilotes
les plus avertis rompent la monotonie du spectacle par des démonstrations
d'acrobaties ; des planeurs, Guerchais-Roche,
Castel-Mauboussin, C800 et PM200, remorqués par des Fieseler, se livrent, eux
aussi, à de remarquables manoeuvres de
voltige ; un hydravion, le SCAN20 fait
plusieurs passages dans le ciel de Toussus.
Ce premier Salon aéronautique de France est regardé comme un
succès qui a permis d'évaluer production et les développements nécessaires.
Pour Toussus-le-Noble c'est le début d’une ère prospère : le 20 juin suivant s'y tient en effet, la première fête
aérienne de l'après-guerre avec une participation active du Normandie-Niemen,
puis les événements aériens s'enchaînent.. .
L’engouement pour l'aviation populaire est resté intact. Les
pouvoirs officiels, soucieux de relancer cette aviation, organisent un concours
pour un appareil léger, fiable et d'un prix abordable, stimulant la créativité
de nombreux ingénieurs.
Comme avant-guerre, par des subventions pour l'achat
d'appareils et des bourses de formation, par la détaxe du carburant, par
l'affectation de moniteurs d'Etat, ils encouragent le fonctionnement
d'aéroclubs qui se multiplient dans tout le pays et de fréquentes fêtes aériennes
tentent d'amener un public toujours plus large à la
pratique de l'aviation.
Une reprise rapide
de l’activité des aéroclubs
Selon le directeur de la formation aéronautique et des
sports aériens de 1957, on comptait, en 1938, pour toute la France, 640 avions
dans les aéroclubs.
En 1946, date de reprise de l'activité de l'aérodrome de
Toussus-le-Noble, il n'y en a plus que 12, mais déjà 319 en 1950.
On retrouve le niveau d'avant-guerre en 1954 avec 641
appareils qui vont, en trois ans, plus que doubler pour atteindre 1 427 avions
d'aéroclubs en 1957.
Le premier aéroclub à revenir
sur le terrain de Toussus-le-Noble est le club Louis Moulliard. Logé d'abord
dans le hangar face aux ruines de l'Aviatic Hôtel, il s'installe ensuite dans
un des petits hangars demi-tonneau de la zone Sud. Le club disparaît en 1950, remplacé par
l'aéroclub du Cinéma de Georges Peclet.
Parmi les aéroclubs qui s'installent en 1947, deux sont
toujours sur le terrain : l'aéroclub du canton de Sceaux
créé en 1937, aujourd'hui Air Europ'Club de Toussus-le-Noble et le Groupe
Aérien du Touring Club de France créé en 1930, basé auparavant à Buc. En 1949, le
Groupe Aérien du Touring Club de France ouvre un lieu de restauration et le 20
juillet 1949, une déclaration d'intention
d'exploiter un débit de boissons en qualité de propriétare, successeur de Sorin
et Cie pour la licence est fait par par le président du TCF Henri Gasquet.
Le club Air France arrive en 1952, c'est le troisième plus
ancien aéroclub de Toussus-le-Noble.
À l'opposé,
des clubs de cette époque partiront sur d'autres aérodromes comme le club des Cheminots
qui va à Guyancourt ou le club
Hispano-Suiza, parti à Pontoise.
À Toussus-le-Noble, "il se passait souvent quelque
chose, ... c'était un festival de voltige - époque de Max Delhomme, de Jean Falloux - l'arrivée d'une course, la venue d'une vedette.."
Le trafic aérien est
important - on enregistre 1 180 mouvements
dans la journée du 11 juillet 1949. Ce trafic s'écoule par la seule piste en
grilles qui ne sera bitumée, à même les grilles, que vers 1960 ; les tours de piste y ont la part belle.
Une bande gazonnée de six cents mètres sur cent est alors
aménagée en 1950, au sud de la piste en grilles, avec sa propre voie d'accès et
permet d'absorber le trafic des avions-école qui peuvent atterrir, deux par
deux en léger décalé, dégageant rapidement la piste.
Extraits : D'Azur et d'Or - Centenaire aeroport Toussus le Noble 2007