lundi 11 mars 2024

Le Domaine de Bel Air à Bièvres


L’Association Aériastory est honorée d’apporter sa contribution à la valorisation historique, en cours, du "domaine de Bel-Air" à Bièvres.

Le château de Bel Air qui fut construit par Louis XIV pour sa première grande favorite, Louise de LA VALLIERE (1644-1710), est mitoyen de la BA 107.

Lors des événements de 1870-1871, Bel Air subit deux occupations. 
La première pendant la guerre franco-allemande de 1870, Bièvres est occupée durant 6 mois par l’armée allemande. Le château de Bel Air devient le quartier général des prussiens. 
La seconde occupation se situe aux premiers jours de la Commune. Il sera le quartier général du chef de l’expédition contre les révoltés de Paris. 

En avril 1889, la propriété est vendue. 
Les propriétaires consentent un legs envers les Missions Etrangères de Paris. Il en est fait don puis, suit la construction d’un séminaire, qui devient un lieu de formation des prêtres missionnaires. 

Goering à Buc
Pendant la Seconde Guerre Mondiale, le séminaire est l’objet de réquisitions, il est transformé par l’autorité militaire comme hôpital et porte alors le nom « d’hôpital complémentaire V.R.78 » jusqu’au 12 juin 1940 ; puis lors de l'occupation, les Allemands en prennent possession du domaine le 20 juin. La Luftwaffe occupera le site jusqu’en 1944. Le Général Goering y aurait séjourné lors de ses passages, en revue des aérodromes de Villacoublay, Buc et Toussus, lors de la bataille d'Angleterre.
 
A la Libération, l’armée américaine prendra le relais jusqu’au 14 mars 1946. 

Le 15 juin 1966, le domaine de Bel Air fait l’objet d’un arrêté de classement à l’Inventaire des Sites. En 1982, le projet d’acquisition de Bel Air par le Ministère de l’Intérieur est à l’étude. Il est réalisé en 1984. 

La C.R.S. n°8 y est installée à Bièvres depuis le 15 mai 1986 et partage le site avec le RAID.

jeudi 7 mars 2024

Embarquement à bord d'un Farman Goliath

Musée de l'Air et de l'Espace - On board 2024
Claire Bréhier (MAE), Gérard Finan (Aériastory)
Le Musée de l'Air et de l'Espace et Aeriastory vous invitent à monter pour ce premier vol, au départ de la médiathèque-Ludothèque du MAE, assis sur les spacieux sièges première classe d'un Airbus 380.

Vous pourrez ainsi faire la différence entre le vol des premiers passagers en 1919 et ceux, en 2019. 

A l’issue du conflit de la première guerre, les frères Farman viennent de mettre au point un nouveau type de bombardier, le F60 « Goliath ».

Ces appareils construits pour la guerre et qui se retrouvent soudain sans vocation, sont convertis en aérobus. 

Le pilote vole au dessus du fuselage, à l’air libre, et c’est dans une cabine fermée, munie de larges fenêtres, que prennent place les douze premiers passagers.

Les frères Farman se lancent alors dans l’aventure de l’aviation commerciale avec détermination et organisent les premières lignes publiques, avec comme objectif, concurrencer le train.

L’aérodrome de Toussus-le-Noble sera la base principale des premières lignes aériennes avec comme première destination, Londres.Ainsi, le 8 février 1919, Lucien Bossoutrot, chef-pilote chez Farman, décolle par temps clair de Toussus le Noble sur un sol enneigé. L’avion atterrit à Kenley au sud-ouest de Londres après 4 heures de vol à 115 km/h de moyenne. 
Le lendemain, le retour s’effectue à une vitesse moyenne de 125 km/h. 

Les deux trajets se déroulent sans le moindre incident.


jeudi 29 février 2024

Vox populi, vox Dei

Un rendez-vous en mairie était programmé le 28 février pour avoir plus d’informations concernant le décret de la nouvelle dénomination de l’aéroport de Toussus le Noble en aérodrome Paris-Saclay-Versailles et exprimer notre  désapprobation.

En effet, ce décret dans ses attendus ne se réfère qu’à une consultation préalable d’Aéroports de Paris et ne tient pas compte des communes sur lesquelles l’aérodrome étend son emprise et des entités locales représentant la société civile telles que les associations vouées à la promotion du patrimoine.   Suite à cette rencontre,Mme le Maire de Toussus, Vanessa Auroy, nous apporte quelques éclaircissements.

Consciente du risque de confusion ainsi créé dans la relation que font nos habitants entre leur lieu et son passé, elle nous confirme que la Mairie de Toussus est impliquée dans ce changement. Elle assure que cela ne diminuera pas la visibilité et la reconnaissance de cette plateforme, de son histoire et de ce patrimoine à laquelle elle est très attachée. 

L’évolution constante de la région et les efforts engagés entre le Territoire, le gestionnaire et la commune devraient, selon elle, consolider la présence de cet aéroport autour d’une dynamique qui favorise sa protection ainsi que l’investissement dans un développement économique global, tout en gardant au plateau sa vocation agricole et historique. 

De même, selon elle, cette dénomination administrative n’affectera pas l’activité de la plateforme. 
Elle convient que la décision de modifier la toponymie de ce lieu historique en dénomination d'un nouveau centre économique est certes complexe et doit être prise avec soin. 
Le décret en question, paru à un moment où on s’y attendait le moins, a pratiquement surpris toutes les parties. 

En ce qui concerne Aériastory, dans l’objet de notre association, nous pensons que dans l’état actuel, cette plateforme ne répond pas aux structures d’une telle nouvelle dénomination. 
Nous pratiquons cet aéroport depuis 1987 et avons toujours travaillé avec les administrations concernées pour accompagner son évolution jusqu’à aujourd’hui. 

Toutefois, même si nous avons marqué notre désapprobation à ce sujet, nous souhaitons souligner que depuis son élection en tant que Maire et autour de son équipe, nous ne pouvons que louer le travail et les résultats que nous avons entrepris en commun avec Vanessa Auroy et la Mairie de Toussus le Noble.
Sa créativité et le travail qu’elle entreprend pour cette plateforme avec la direction d’ADP sont considérables. 
De plus, elle nous a assuré de son soutien et de celui de son équipe dans les travaux qu’Aériastory entreprend.
Nous ne serons pas de ceux qui grippent la machine. 

Par conséquent, malgré cette perte de visibilité toponymique, nous resterons dans une attitude de confiance réciproque en souhaitant que ces nouvelles conditions n’affectent pas notre environnement et son identité unique. Que cela contribuera à une croissance dans ce que cette plateforme a apporté en continu, comme innovations, depuis son existence en 1907. 

Nous continuerons de travailler avec la commune pour la valorisation de cette plateforme mythique, espérant que nos dossiers en attente depuis 2019 verront leur aboutissement très prochainement.

samedi 17 février 2024

L'oiseau canari et sa traversée de l'atlantique, vous connaissez ?

FX Bibert et G Finan
Chartres 2024
Faisant suite à notre précédent article, rares sont ceux qui contribuent à mettre leur travail au service de tous au lieu de le confiner pour mourir dans des boîtes et un entourage désintéressé.

François Xavier Bibert est l'un ceux-là. Nous l'avons revu, depuis notre première rencontre en 2018 pour construire la guerre du Levant et la genèse du Normandie Niemen, puis en 2020, pour monter celle, à Palmyre, de l’envol de Jean Mermoz qui n'était encore qu'un célèbre inconnu.

François Xavier est depuis un ami, même si nos rencontres sont espacées, c’est comme si ne nous étions jamais quitté. 
Hier, il nous recevait à Chartres, nous en avons profité entre un petit cours de cuisine, pour revoir quelques dossiers.

Nos méthodes de procéder et nos échanges, nous offrent un potentiel insoupçonné de développement. Avec le pouvoir magique et l'ouverture de "la Toile", de notre première rencontre initiée et virtuelle, est naît une amitié. Un effet de levier dans la concrétisation de nos projets.

L'Oiseau Canari
Collection Michel Boquet
Au courant de nos travaux sur la traversée de l’atlantique sud par Pierre de Saint Roman et celles sur ces années folles de l’aviation, il nous met sur le chemin d’une traversée peu connue, celle de l’atlantique nord de « l’Oiseau Canari » en 1929.

Un rocambolesque récit des 13 et 14 juin 1929 par trois aviateurs, Assollant, Lefèvre et Lotti. 
Ils réalisent la première traversée aérienne française de l'Atlantique nord sur l'Oiseau Canari. A bord se trouvent aussi un passager clandestin Schreiber et Rufus un bébé caïman, tous ensemble participent à cette folle aventure...

A découvrir sur son site fabuleux et hyper-documenté. Une caverne à trésors : https://www.bibert.fr/

jeudi 15 février 2024

MAE et Pierre de Saint Roman, un partenariat en développement

Associations Pierre de Saint Roman et Aériastory
 à la Médiathèque-Ludothèque du MAE
en compagnie de Mme M.L. Griffaton et V. Joyaux

Le partenariat entre le Musée de l'Air et de l'Espace (MAE) et l'association Pierre de Saint Roman se développe et s’épanouit autour de prochains événements prévus à Toulouse, au mois de Juin.
Cela permet d’aller de l’avant à Aériastory et ses partenaires dans un épanouissement collectif. 

Au cours des rencontres, lors des travaux développés par Aeriastory,  deux lignes principales d’attitudes dans les contacts, la divulgation et le partage de documents historiques familiaux s’étaient présentées à nous

La première, la plus ardue, est celle avec ceux qui gardent leurs documents presque inaccessibles. Avec le temps, ceux-ci finissent dans des boites que leurs descendants découvrent, dont ils ne mesurent pas l'importance ou y marquent peu d'intérêts. Alors elles sont remises à des organismes débordés ou inadéquats et se dispersent aux quatre vents. 

La deuxième, est celle des propriétaires qui ouvrent leurs accès.  Elles touchent alors un large public, en favorisant la recherche et l'éducation. Diffusés plus facilement, la démocratisation de ces documents  préserve le patrimoine.
Avec l'interaction 3.0, ce patrimoine est valorisé . Elle permet une ouverture à la compréhension du passé et de faire des découvertes accessibles partout dans le monde, 24h/24. C'est un tourisme culturel qui se développe.

De plus, Leurs numérisations encourage la collaboration et le partage de connaissances. Elles sont préservées pour les générations futures. 
Une diffusion médiatique qui reste sans danger pour les documents originaux qui, eux, sont conservés dans des lieux souhaités par leurs propriétaires. 

Lors de notre rencontre au MAE, pour le partage d'informations et de documents, notre réunion s'est tenue à la nouvelle médiathèque-Ludothèque du musée. 
Son agencement et sa conception nous ont inspiré. Un lieu ouvert à tous, qui encourage à la lecture, la recherche et la découverte, quelque soit l'âge du visiteur.

           

samedi 10 février 2024

CANA, une multiplication de voies aériennes vers l’Amérique du Sud

Compagnie Atlantique de Navigation Aérienne 
Bordeaux v/s Toulouse

Dès la fin de la Grande Guerre, les premières lignes commerciales apparaissent, sillonnées par des avions militaires transformés.

Pour les spécialistes, deux ou trois ans seulement seraient nécessaires pour créer de grandes lignes transatlantiques.

En décembre 1919, Breguet : "... La sécurité de l'avion proprement dite, c'est à dire stabilité, robustesse, bon fonctionnement des moteurs, peut être considérée comme acquise dès 1920. Il faut donc s'atteler sans perdre un instant à l'installation des ports aériens et des postes de signalisation de toute nature et, en particulier, à l'application généralisée de la science radio-goniomètrique. Cette organisation est en bonne voie et on peut prévoir que, dès 1921, la sécurité de la locomotion aérienne sera au moins équivalente à celle des autres moyens de locomotion rapide."
Une impression renforcée par la rapidité des liaisons et la progression des Lignes Latécoère qui se développent pragmatiquement vers l'Afrique en consolidant d'abord la liaison postale sur le trajet Toulouse – Casablanca.

Le Salon de l'Aéronautique de novembre 1921 au Grand Palais à Paris en est l'illustration de cette démarche assurée des lignes commerciales. 
Les immenses appareils de transport en service ou en développement, tri ou quadrimoteurs, emplissent la nef. Leurs noms soulignent leur gigantisme. En se limitant à ceux présentés sous couleurs françaises, on trouve des "Goliath" et "Super Goliath" de Farman, le "Leviathan" de Breguet, le "Mammouth" de Blériot.
Toutefois, si les constructeurs aéronautiques sont optimistes, d'autres s'inquiètent.

C'est tout particulièrement le cas des industriels et hommes d'affaires bordelais, dont la prospérité résulte de leur position en tête de ligne sur les liaisons maritimes vers le Maroc, l'Afrique Occidentale Française et l'Amérique du Sud.
Ils voient avec appréhension la concurrence et la montée en puissance de Toulouse, symbole de l'expansion aéronautique. Dans ce contexte, une contre-offensive se prépare au sein de la Chambre de Commerce de Bordeaux. Les grandes compagnies maritimes s'y associent rapidement. On compte la Compagnie des Messageries Maritimes, la Compagnie maritime des Chargeurs Réunis, la Compagnie de Navigation Sud Atlantique... 
Ces membres se rassemblent et forment le Comité Aéronautique du Sud-Ouest (C.A.S.O.).

Pour mener à bien leur projet, il leur faut néanmoins une expertise et une capacité de lobbying dans l'aéronautique. Ils les trouveront à la Ligue Aéronautique de France, dont René Fonck, député, est élu Président le 8 juillet 1921. Sur cette base se crée en 1921 un syndicat d'étude pour la création d'une compagnie aérienne visant à l'établissement d'une ligne entre Bordeaux et l'Amérique du Sud. Ce sera la Compagnie Atlantique de Navigation Aérienne (C.A.N.A.).
L'organisateur sera M. de Saint-Blancart, ancien chef de secrétariat de l'Aero-Club de France et membre du Conseil d'Administration de la Ligue aéronautique de France.

1922 : Création de la Compagnie Atlantique de Navigation Aérienne (C.A.N.A.)

Au cours de l'année 1922, les acteurs du projet veulent promouvoir l'hydravion pour le trajet Bordeaux – Dakar. Cette option est défendue comme plus sûre que le survol des régions hostiles de la Mauritanie et comme plus indépendante des pays survolés, car soumis aux règles du droit maritime.

Pour la traversée de l'Atlantique Sud, de Dakar à Pernambouc (Brésil), ils prévoient de réaliser le parcours en navires rapides et puis, le trajet Pernambouc - Rio de Janeiro - Buenos Aires sera en hydravion.

Actions CANA
Ces travaux font apparaître un autre soutien au projet. 
Les projets de Latécoère vont en effet à l'encontre des intérêts des partisans de la liaison impériale transsaharienne Alger – Tombouctou – Bamako – Dakar. De nombreuses et prestigieuses personnalités, proches des milieux militaires qui, depuis 1920, ont entrepris d'ouvrir ces lignes, sont prêtes à soutenir les projets de la C.A.N.A..  Encore faut-il trouver un projet concrétisant les intérêts des diverses parties : ce sera l'ouverture d'une ligne commerciale Dakar – Kayes - Bamako. Cette ligne a été ouverte sous les ordres du capitaine Odic dès août 1920. 
Une première infrastructure est établie à Dakar. Une liaison postale saharienne entre le Sénégal et le Soudan a ainsi pu fonctionner à l'hiver 1921 en transportant 542 kg de courrier. 
En mai 1922, le capitaine Odic est remplacé par le chef de bataillon Tulasne qui poursuit ces travaux. 
Si l'établissement d'une liaison commerciale ne s'inscrit pas directement dans l'objectif des bordelais, il leur permet de "mettre la main" sur Dakar avant l'arrivée des Lignes Latécoère, et d'accroître leurs soutiens. C'est donc sur cette base que se prépare le projet initial de la C.A.N.A., constituée en société courant 1922, de ses demandes de subvention et la recherche de ses premiers appareils.
La société aura son siège à Paris, 8 rue Halévy. 

Cette alliance politique se concrétise par la création en novembre 1922 du Comité aérien France-Outre-Mer. "Ce comité a pour but de favoriser l'essor de l'aviation dans les colonies et de s'efforcer de réaliser son véritable but : les liaisons intercontinentales". Il est présidé par Daniel Vincent, ancien ministre, ancien sous-secrétaire d'Etat de l'aéronautique, avec comme vice-présidents, Charles Tisseyre, député de Saône et Loire) et John Dal Piaz, administrateur directeur général de la Compagnie Générale Transatlantique.

Les partisans des diverses options s'affrontent dès la fin de novembre 1922 à l'Assemblée Nationale à l'occasion d'un grand débat sur le budget de l'aéronautique. Le rapporteur du budget est Maurice Bouilloux-Lafont. Tout en défendant la nécessité de financer la recherche et les études des constructeurs, il attaque violemment les subventions aux compagnies, et tout particulièrement aux lignes impériales, dans la mesure où elles ne correspondent à aucune demande commerciale viable à terme. 
René Fonck, lui, limite son intervention au domaine militaire. Le transport commercial sera développé par Charles Tisseyre, qui défend la nécessité des subventions pour cette activité naissante et la priorité à donner au financement des lignes impériales. Laurent-Eynac fera une synthèse relative, reconnaissant les critiques justifiées que mérite l'exploitation commerciale des lignes aériennes, mais en soulignant les progrès rapides et le fait que "si c'est avec l'esprit d'un notaire ou d'un actionnaire que l'on juge notre aviation, elle est condamnée".

En parallèle, René Fonck a mené en septembre et octobre une grande mission en Amérique du Sud, à l'occasion des fêtes du Centenaire de l'Indépendance du Brésil. Il y est accompagné de Fronval, tous deux ayant apporté leurs avions. "Maurice Loubet, représentant la Compagnie atlantique de Navigation aérienne" participe également à cette mission avec un Caudron biplace.
Le 16 décembre 1922, la C.A.N.A. signe avec le gouvernement un contrat lui accordant une subvention conséquente de 7.000.000 de francs, pour accomplir douze vols d'études sur les lignes déjà balisées Dakar - Saint Louis, Dakar – Kayes - Bamako .

1922-1923 : les opérations de la C.A.N.A.

Caudron C61
Pour mener à bien son contrat, la C.A.N.A. achète 2 appareils, tous deux enregistrés au nom de la compagnie en octobre 1922, avec une certaine confiance. "La machine venait d'effectuer un voyage de démonstration sur le parcours Paris - Chalon-sur-Saône avec retour sur deux moteurs seulement ; le moteur central avait été volontairement arrêté à 1 000 m d'altitude et l'avion avait continué à monter de 1 000 m à 1 400 m en 35 mn sur deux moteurs avec sept passagers à bord. Présenté comme un avion très simple donc très sûr, dont les moteurs à nu ne devaient présenter de problème ni d'accessibilité ni de refroidissement, le trimoteur Caudron C-61 devait aussi être un excellent planeur et sa construction en bois devait rendre facile les réparations en toute circonstance." [Robert Esperou et Joseph de Joux, Avions n°161, avril 1983]

Dés sa création en 1922, la C.A.N.A. a créé une structure locale. Elle a embauché en octobre à Bordeaux un directeur, jeune pilote expérimenté, Charles de Verneilh et un chef-pilote, Raymond Delmotte. Tous deux s'installent à Dakar. Par la suite, la C.A.N.A. embauche un autre pilote, Maurice Loubet, qui accompagne la mission en Amérique du Sud et s'installe à Dakar. L'arrivée des Caudron ne change pas l'atmosphère. La C.A.N.A. effectue en décembre 1922 son premier vol Dakar-Kayes. Les appareils sont abrités dans le seul hangar de Dakar.  Les serpents à lunettes aussi et qui se mettent régulièrement à l'abri sous les bâches des moteurs ou dans la cabine. A Kayes, c'est encore pire. La température des moteurs "refroidis" avoisine souvent 62° à la remise en route. 

A g le pilote Delrieu à d. Roig, chef de la mission Latécoère



C'est alors que Pierre-Georges Latécoère se décide de passer à l’action. Dès le mois de mai 1923, il organise dans la plus grande discrétion une mission constituée de trois Breguet XIV pour effectuer un voyage de Casablanca à Dakar et retour. 
Pour s'assurer la publicité maximale, Latécoère invite un journaliste du "Matin" à participer à l'expédition. En juin, pour marquer sa présence au Portugal, il fait inviter les aviateurs Cabral et Coutinho à Paris par le biais du Comité France – Portugal, et assure leur transport vers Paris, en profitant pour inaugurer de nouvelles lignes (provisoires) Paris – Bordeaux - Madrid – Lisbonne. Une inauguration qualifiée de provocante pour les responsables bordelais alors que les cérémonies ont lieu dans leur ville.

Fin 1923, selon un rapport de Vital Ferry « La C.A.N.A. avait, en tout et pour tout, effectué 15 voyages, parcouru un peu plus de 7 000 kilomètres et transporté 44 passagers, pas une seule lettre ni un seul colis. Un calcul rapide montre une disproportion certaine entre ces résultats et le montant de la subvention accordée : un demi million de francs par voyage, I 000 F par km parcouru, 140 000 F par passager. »  Dans ces conditions, l'Etat considère le contrat non rempli et refuse toute nouvelle subvention à la C.A.N.A.

1924 - 1925 : La fin de la C.A.N.A. et du C.A.S.O.

Malgré ces échecs, la C.A.N.A. continue peu ou prou ses activités en 1924. Privée de subvention, elle tente de trouver de l'argent sur le marché d'actions sans grand succès. Le 9 septembre 1924, une demande de patronage pour la Compagnie Atlantique de navigation aérienne est soumise au Conseil Général de Gironde. Le rapport de la commission adhoc indique "Nous sommes priés de donner notre appui moral à, un projet grandiose et hardi qui a pour but de créer et d'organiser la liaison hydro-aérienne entre l'Europe et l'Amérique du Sud. Dans les explications qui nous sont communiquées, nous notons avec une très vive satisfaction le choix de Bordeaux comme base principale de ravitaillement et d'exploitation. Également à Bordeaux serait construite une bonne partie des navires postaux (3.000 tonnes, 6.000 CV., etc.). Nous ne pouvons qu'encourager semblable initiative."

Une documentation de Michel Barrière (Crezan Aviation), avec nos remerciements

lundi 5 février 2024

Patrimoine, Armée de l'Air et ADP

Pascale Boulay et Gérard Finan
SFMA 2024
Le sujet de notre rencontre avec Mme Pascale Boulay d'ADP était d'ouvrir le dossier de la réhabilitation de la porte Quartier Jean Tulasne, à l'occasion de la célébration, en 2024, des 90 ans de l'Armée de l'Air. 
L’avenue du Commandant Jean Tulasne 
prend naissance à l'entrée ouest de l'aéroport ADP de Toussus, là où on trouve encore la grille baptisée "Quartier Jean Tulasne", en face de la Porte de Toussus (porte du Grand parc de Versailles). Elle suit la limite de l’ancienne Base d'Aéronautique Navale et s’arrête à la hauteur du hangar Farman. 

C'était le Quartier Jean Tulasne et son avenue, sur un aéroport partagé entre une zone civile et une zone militaire, comme le décrivait le colonel Delin dans ses mémoires à Toussus le Noble:

 "Base civile. Zone réservée à «Normandie-Niemen » restreinte, délimitée fictivement, immixtions des militaires chez les civils et vice versa. Les problèmes de garde et de sécurité des parkings et hangars sont rapidement réglés. Le Contrôle Local de l’Aérodrome et la partie civile, la plate-forme étaient sous l’autorité de monsieur Henri Tessier. A l’époque nous n’avions pas d’approche organisée ni de radar de piste. On pouvait demander un cap à suivre pour rejoindre un lieu donné pour avoir une idée de la direction que devait prendre l’avion pour se diriger vers Toussus. Une parfaite harmonie régnait entre civils et militaires. L’infrastructure était insuffisante et peu appropriée, les magasins manquaient. Heureux d’être à Toussus, il n’était pas question de soulever des problèmes au commandant. Le personnel s’organisait avec ses moyens. La coopération civile et militaire n’était pas un vain mot et nous nous dépannions souvent mutuellement. 
Il n’y avait pas d'infirmerie. Les consultants étaient envoyés à l'hôpital de Versailles. La piste, orientée sensiblement NE-SW avait un gros inconvénient : elle manquait de largeur, était glissante par temps de pluie et vent de travers. Au SW, une légère déclivité obligeait les pilotes à freiner d’où le risque d’endommager les hélices et de terminer sa course dans le marais en cas d’atterrissage trop long."

Le Quartier qui était mis à la disposition du régiment, se composait de 50 officiers, de 200 sous officiers et de 220 hommes de troupe, pour lesquels il fallait prévoir logements et bâtiments divers.

Depuis le départ du Normandie Niemen à Rabat, le lieu est repris pour devenir Base Aéronautique Navale. Il ne reste plus de cette Mémoire de l'Armée de l'Air, que la Porte Quartier Jean Tulasne.