mercredi 13 juin 2018

1919 - 2019 : Centenaire des premières liaisons aériennes civiles

Fairey III B « Santa Cruz » et tour de Belém
(Lisbonne/Portugal)

En 2019 devrait voir les commémoration des 100 ans des liaisons aériennes civiles. 
Les premiers, rappelons le, sont partis de l’aéroport des frères Farman : Toussus-le-Noble / Kenley- Londres le 8 février 1919, puis Toussus/Bruxelles, la même année sans oublier le raid Paris/Dakar par Lucien Boussoutrot

A l’ère des longs courriers dernière génération, des A380 et des 777, les traversées des océans se font aujourd’hui dans des cabines pressurisées dans un confort total. Des avions conçus pour réaliser sans encombre des vols transatlantiques avec repas, jeux, films, couchettes, wifi , téléphones, etc...

« Monument aux Découvertes »
érigé à la mémoire des navigateurs portugais
et du Prince Henri le Navigateur
L’opportunité a voulu de  nous poser devant une stèle rappelant la première traversée de l’Atlantique sur un Fairey IIIB qui relia  Lisbonne à Rio de Janeiro (Bresil).
La stèle, celle d’un hydravion réplique du FAIREY III B « SANTA CRUZ », perché face à la tour de Belém (Lisbonne) sur le Tage, lieu d'ou les premiers explorateurs navigateurs partirent découvir les Indes et le Nouveau monde.

 Cet avion effectua le dernier tronçon de la première traversée de l’Atlantique Sud en 1922.  Un exploit qui fait date dans l’histoire de l’aéronautique et marque la première utilisation du sextant en navigation aérienne. Il témoigne du courage et de la bravoure des Portugais dans la « conquête de l’espace aérien » de Lisbonne jusqu’à Rio de Janeiro, 500 ans après la découverte du Brésil.

C’est donc face à l’historique tour de Belém d’où sont partis Vasco de Gama et les autres navigateurs à destination des Indes Orientales et Occidentales que le gouvernement du Portugal et la municipalité de Lisbonne ont souhaité commémorer leurs 100 ans d’aviation 1917-2017.

L’hydravion est un FAIREY III B  piloté par deux aviateurs, le pilote Sacadura Cabral (qui a fait son apprentissage à l’école militaire de l’aviation de Chartres) et le navigateur Gago Coutinho.
Le pays avait mis tous ses espoirs dans ce fabuleux raid en trois étapes car il lui fallait une reconnaissance aéronautique internationale. Il n’est pas de mois en ce début du XXe siècle sans qu’un record ne soit pulvérisé.
Le premier tronçon du vol est sans histoires et le Lusitania se pose aux Canaries comme prévu, pour sa première escale. La seconde étape, longue de 850 milles, doit les mener le 17 avril 1922, à Sao Vicente au Cap Vert.  11 heures de vol sans navire d’assistance. La troisième étape plus délicate devrait durer plus de 13 heures pour rallier les Iles du Cap Vert  aux iles Penedos de San Pedro et San Paulo des îlots perdus dans l’Atlantique à 1 500 kilomètres des côtes brésiliennes.  Des rochers perdus que Mermoz appelle les écueils de Saint Pierre. Une navigation difficile car retrouver de petits « cailloux » perdus dans l’immensité océanique n’est  pas facile et encore moins sans les instruments de navigation d’aujourd’hui. 
Si l’on rajoute le facteur météo avec son cauchemardesque « Pot au noir » décrit par Saint Exupéry, le tableau de la situation parait compliqué, mais cette escale est indispensable pour des raisons techniques car le rayon d’action de l’appareil ne lui permet pas d’aller plus loin. 

En 1922, un tel projet c’était presque mission impossible ! Le pilote doit compter sur son navigateur. Celui-ci a perfectionné un sextant de sa propre invention pour en faire un instrument de navigation aérienne d’une précision remarquable, pour peu qu’il retrouve ses repères astraux avec les aléas de la météo. En dehors de l’exploit mécanique de la machine, c’est surtout la performance de la navigation qu’il faut saluer car Coutinho trouve les îlots minuscules. Malheureusement, à l’amerrissage, la houle est forte et l’un des flotteurs est arraché provoquant, le 18 avril, la perte du Lusitania. Les aviateurs sont recueillis par le croiseur « Républica » chargé d’assurer leur sécurité. Il les ramène à Saint Pierre, mais l’aventure ne s’arrête pas là. 
Depuis Lisbonne, le Fairey n° 16 est envoyé à Penedos sur le cargo « Bagé ». Le 11 mai, il décolle de Penedos de San Pedro et San Paulo pour l’île de Fernando de Noronha mais après le décollage, panne moteur et amerrissage  fatal…  Les aviateurs sont recueillis par le cargo anglais « Paris City » ; retour à la case départ Penedos. Le croiseur « Carvalho Araujo » ramène le dernier Fairey III D, le n° 17. 
Le 5 juin 1922, nouveau départ pour Fernando de Noronha. Cette fois ci, le vol se passe bien et trois escales seront nécessaires : Recife, Salvador et Victoria, avant d’atteindre Rio de Janeiro le 17 juin. 

C’est pour cela que le n° 17 sera baptisé SANTA CRUZ. Le voyage aura duré, en temps de vol, 62 heures et 26 minutes pour 8380 kilomètres à la vitesse de 130 km/h.  Coutinho sera l’inventeur du sextant aéronautique moderne. Il s’éteindra avec le grade d’Amiral de la Marine Portugaise en 1959. Le Fairey SANTA CRUZ poursuivra sa carrière… à Macao avant de la terminer au musée de la marine de Lisbonne. 
Un mois après la disparition de Mermoz avec le Latécoère « La Croix du Sud », en 1936, Maryse Bastié battra le record de traversée Dakar – Natal en 12 heures et 5 minutes.

Aujourd’hui le temps de vol entre Lisbonne/Rio est estimé à 10h.