vendredi 6 octobre 2023

Traversée de l'Atlantique Sud, un défi et des exploits

Stèle du Lusitania face à la tour Belèm
En 1920, les premiers vols transatlantiques en avion au-dessus des mers constituaient des exploits retentissants. Les traversées étaient très difficiles.

17 juin 1922. Les Portugais Carlos Viegas Gago Coutinho, navigateur, et Artur Sacadura Freire Cabral, pilote, ont réussi leur pari ambitieux : celui de traverser l’Atlantique Sud.  
Par deux fois, leur traversée, comportant plusieurs escales, aurait pu prendre fin sans même arriver à son terme. 

Ils auront détruit deux hydravions, avant de parvenir à leur destination finale : Rio de Janeiro au Brésil, après deux mois et demi de voyage, au cours duquel ils auront parcouru une distance de 8 283 kilomètres, pour une soixantaine d’heures de vol.  

Le premier tronçon du vol est sans histoires et leur avion un Fairey III, le Lusitania, se pose aux Canaries  pour sa première escale. La seconde étape, longue de 850 milles, doit les mener le 17 avril 1922, à Sao Vicente au Cap Vert.  11 heures de vol sans navire d’assistance. La troisième étape plus délicate devrait durer plus de 13 heures pour rallier les Iles du Cap Vert  aux îles Penedos de San Pedro et San Paulo des îlots perdus dans l’Atlantique à 1 500 kilomètres des côtes brésiliennes.  Des rochers perdus que Mermoz appellera «les écueils de Saint Pierre ». Une navigation difficile car retrouver de petits « cailloux » perdus dans l’immensité océanique n’est  pas facile et encore moins sans des instruments de navigation  comme aujourd’hui.
Si l’on rajoute le facteur météo avec son cauchemardesque « Pot au noir » décrit par Saint Exupéry, le tableau de la situation parait compliqué, mais l’escale est indispensable pour des raisons techniques car le rayon d’action des appareils ne leur permettait pas d’aller plus loin.


En 1927 le choix de Pierre de Saint Roman pour sa tentative de traversée de l’Atlantique Sud, sans escales, c’est porté sur le Farman Goliath.
Le Farman F60 a été initialement conçu en 1918 comme un bombardier lourd capable de transporter 1000 kg de bombes avec une autonomie de 1500 km. La paix revenue, ce gros biplan bimoteur appelé « Goliath » est transformé en appareil de transport  pour passagers. Il avait contribué à la création des premières compagnies aériennes.

Le Goliath pouvait transporter douze passagers et deux membres d'équipage. La cabine avait de grandes fenêtres latérales pour donner aux passagers une vue sur le paysage. Elle était meublée de fauteuils confortables et légers en osier. Le Goliath est resté en service plus de dix ans et fut construit à environ soixante exemplaires.

La compagnie Farman, mécène de l’opération Paris-Amérique du Sud projetée par Pierre de Saint, aspirait, qu’en cas de réussite,  ce Raid aurait une formidable répercussion pour le développement d’avions longs courriers encore déficients à cette époque.
Ces années étaient des périodes de tous les exploits et des records battus