Salon aérien de la locomotion Grand Palais |
Nous sommes en 1923.
Pierre de Saint Roman vient de prendre un congé de trois ans
pour se consacrer à son ambitieux projet, celui d'effectuer une tournée en
avion avec des escales dans les 52 plus grandes villes du continent d'Amérique
du Sud.
Il souhaite nouer des liens d'amitié et de fraternité entre la France et ces
pays où sont établis de nombreux Français.
Chacune des étapes sera l'occasion de cérémonies, de parrainages et de
conférences. L'avion devra transporter bon nombre de personnes sur autant de
destinations.
Mais, de quels avions pourrait-on disposer ?
Cheminons dans les allées des salons aéronautiques du Grand Palais à cette recherche de l'avion qui répondra en mai 1927 à cette traversée.
1920 Sixième Exposition
Internationale de la Locomotion Aérienne.
Cinquante-quatre avions sont exposés dont le Goliath de
Farman, exploité sur les lignes Paris-Bruxelles et Paris-Londres, et aussi le
Latécoère qui relie Toulouse à Rabat. Nous sommes en pleine naissance du
transport aérien civil. Le Breguet Léviathan, au stade expérimental, fait
partie d’une famille de gros biplans entièrement métalliques construits en
France au début de cette même année.
Le jour de l’inauguration du Salon, Sadi-Lecointre établit un record et passe
la vitesse des 300 km/h.
1921 Septième Salon de l’aéronautique.
Blériot-SPAD S.45 |
Cette édition fait la part belle aux avions de construction
française.
Exposition du Blériot-Spad S.45, un gros
avion de ligne quadrimoteur. Il peut transporter quinze passagers ou être
adapté en bombardier. Malgré l'intérêt qu'il suscite, on ne lui connaîtra
aucune trace de vol.
Sur les 35 modèles d’aéroplanes exposés, cinq sont d’origine étrangère. La
tendance est très marquée pour les biplans. Vingt-cinq modèles sont
exposés. Parmi ces avions, le Goliath dernière génération, un
quadrimoteur de 34 mètres d’envergure, le Léviathan de Louis Breguet ou encore
un monoplan signé du constructeur néerlandais Anthony Fokker. Cet avion fait
polémique. Il est souhaité de le voir disparaître du salon pour différentes
raisons. En premier lieu celle d’ordre
idéologique, vu que Fokker avait construit des avions pour l’Allemagne durant
la guerre. Une autre raison, selon Air journal, pour contrefaçon, sur une
demande de Robert Esnault-Pelterie, il en obtiendra la saisie pure et simple.
Le litige porte sur le levier de commande de l’appareil, «le manche à balai»
dont REP est l’inventeur.
On remarque de moins en moins d’avions entoilés comme le Caudron G-3, du même
type que celui qui servi à Adrienne Bolland pour sa traversée des Andes, en
avril 1921.
Une curiosité du salon, l’avion-automobile qui fait son apparition. Ce biplan
traverse la capitale française en roulant, les ailes pliées et l’hélice calée,
pour aller se parquer sur son stand au Grand Palais.
Breguet Léviathan L"intérieur du hangar Farman ressemble étrangement |
Le Président du salon est Louis Breguet. Lors de ce Salon est prise la décision d’organiser l’exposition tous les deux ans.
Trente six avions venant de quatre pays sont présents. Les
vedettes sont le Dewoitine D.1 et le fameux Breguet XIX. Le salon voit
également la première exposition de moteurs en alliage léger.
Les Breguet XX et XXI se distinguent par leurs motorisations Breguet-Bugatti.
Le Breguet XXII pourra accueillir une vingtaine de passagers mais il sera
détruit lors d'un concours d'avions de transport en 1923. Le développement de
ces trois types d'avions sera interrompu en grande partie en raison de
problèmes techniques liés aux centrales électriques et à la structure de
l'avion.
Breguet Léviathan arrière plan Hangar Farman de Toussus le Noble |
Quarante neuf appareils meublent l’exposition.
Les gros tonnages sont présents comme le Jaribu de Farman et un nouvel arrivé,
le Dyle et Bacalan, un constructeur qui se lance dans la production d'avions.
Ils seront les super vedettes. Dans la catégorie "vol rapide" se
trouve le Breguet XIX. Il avait effectué le trajet entre Paris et Shanghai,
piloté par Pelletier d’Oisy.
Un nouveau record de vitesse est franchi. Florentin Bonnet passe la vitesse de
448 km/h, le 11 décembre 1924.
Farman Jabiru |
Louis Breguet est toujours le Président du salon. On note la présence de cinquante neuf appareils venus de sept pays. Les avions de transport civil sont là dont le Farman 170 et le Fokker VII qui a été utilisé par l’amiral Byrd lors de son expédition au Pôle Nord. Toutefois, se sont les nouveautés militaires, trente-deux appareils au total dont le Potez 25, qui font la une.
Breguet XIX |
Fernand Lioré est nommé Président du Salon.
Première présence des USA et de l'Angleterre avec des Stinson, Boeing et
Bristol.
Les vedettes de cette édition seront en premier lieu les héros de l’époque. Une
attention particulière est portée à la disparition de "L’Oiseau
Blanc", la traversée de Lindbergh et à la traversée de l’Atlantique Sud de
Coste et Le Brix pour leur tour du monde, deux exploits réalisés sur Breguet
XIX G.R.
La décision de créer un Ministère de l’Air, en France, est prise durant ce salon.
Sur le résumé de ces expositions nous comprendrons le choix
de Pierre de Saint Roman.
Le bimoteur Farman
Goliath équipé de moteurs fournis par Lorraine Dietrich pourrait être transformé en hydravion.
Le destin en décidera autrement...