Passagers en 1924 |
Alors que les raids et les records de l'époque, sont du ressort de l’aviation sportive, la mise à disposition d’un Goliath pour le projet Paris- Amerique Latine de Pierre de Saint Roman, nous mène sur une voie parallèle et complémentaire.
Ce projet de Pierre de Saint Roman aurait-il été une belle opportunité pour la Maison Farman ?
Michel Barrière sur son site Crezan Aviation, fin connaisseur de l'historique des Farman Goliath, nous soumet son éclairage.
Selon lui, la priorité que les frères Farman semblent y donner durant leurs activités, aurait un aspect purement commercial, susceptible de donner lieu à une rentabilité opérationnelle. C'est ainsi que les frères le conçoivent dans bien des domaines, à leurs frais éventuellement, alors que d'autres constructeurs se sont attachés à suivre la politique - et les contrats - des services de l'Etat en matière de recherche, de prototypes et de raids.
Pierre de Saint Roman avait demandé un congé de trois ans
pour se consacrer à son ambitieux projet de nouer des liens d'amitié
et de fraternité entre la France et l'Amérique du sud où sont établis de
nombreux Français. Un courant philosophique, (le positivisme), qui aide et qui rayonne en Amérique du Sud quand une France des Lumières brillait.
Il projetait d'effectuer une tournée en avion avec escales dans les
52 plus grandes villes du continent d'Amérique du Sud: Rio de Janeiro, Sao Paulo, Porto Alegre,
Montevideo, Buenos-Aires, Santiago du Chili, Caracas, Bogota, Quito, etc.
Chaque étape était l'occasion de cérémonies, de parrainages
et de conférences. Cet avion était adéquat pour transporter bon nombre de personnes sur autant de destinations.
Un périple qui correspondait bien aux stratégies croissance de la Maison Farman au vu du développement de l'avion commerciale en Europe : Mettre à disposition un Goliath répondait à cette attente.
Passagers embarquant sur un Goliath |
Cet avion dérivé d'un projet de bombardier de la première Guerre, est déjà à la base du développement des premières lignes aériennes commerciales en France et en Europe depuis le début des années 1919.
Le Farman devait être convoyé à travers l'Atlantique par mer. Le coût de transport maritime prohibitif amène au choix d'une traversée par voie aérienne et sans escale qui germera dans l'esprit de Pierre de Saint Roman. Ce périple aérien, sans escale, sur une distance de 3000 kms au dessus de l'Océan était en limite des possibilités des avions. En cas de réussite, ce serait un exploit.
Pour Farman et son Goliath, c’était difficile mais pas insurmontable surtout que des constructeurs en France et en Europe commençaient aussi à se développer.
La suite, on la connait. Pierre de Saint Roman et son équipage disparaissent au large des côtes brésiliennes.
Cette expérience a-t-elle permis à la maison Farman de faire évoluer ses avions ?
Aériastory se penchera sur ces années 1920-1930, au travers de prochains articles, pour mettre en relief les difficultés qui s’imposaient au développement de l'aviation civile et au transport de passagers.
Nous vous invitons à vous immerger dès à présent dans ces années folles de l'aviation, au Musée de l'Air et de l'Espace. Une exposition qui se tiendra jusqu'au 3 mars 2024 et où on remarquera cette formidable évolution technologique, en si peu d'années.