jeudi 22 novembre 2018

La grande guerre et l’aviation civile, deux centenaires qui se suivent


Farman Goliath - Toussus/Kenley (GB)
 Ce n’est pas un effet du hasard si le centenaire de l’aviation civile succède au centenaire de la fin de la grande guerre de 1914-1918.
L'idée de naviguer ou de s'élever dans les airs est aussi ancienne que l'humanité. 
L’intérêt et la curiosité suscités par les premiers avions en 1905 et les perfectionnements techniques ainsi que les performances des appareils au fil des ans, ont contribué à faire naître l’aviation. L’avion était alors essentiellement utilisé dans le domaine de l’aéronautique militaire.

C’est à partir de 1919 qu’un début d’organisation de l’aviation civile prend forme en France, date à laquelle sont créés les Etablissements de l’Aéronautique, le Service Technique de l’Aéronautique, le Service des Fabrications de l’Aéronautique et le Service de la Navigation Aérienne. C’est toute la Mémoire de l’Aviation civile en France.

Terrain d'aviation de Toussus - 1933 
Dès 1911 L'aviation entre dans la vie courante, Les courses aériennes se multiplient: Paris-Madrid en 3 étapes, Paris-Rome, Circuit des capitales européennes... On se met à prendre des passagers : Louis Breguet embarque 10 personnes, puis 12 dans ce que l'on se met à appeler un "aérobus". Le 18 février 1911, aux Indes, le français Henri Péquet inaugure la première poste aérienne au monde, transportant 15 kg de courrier et de cartes postales.

Après la grande guerre et durant une douzaine d'années, l'histoire de l'aérodrome de Toussus-le-Noble se confond avec celle de la Maison Farman. 

L'usine Farman de Billancourt compte quatre-vingt-dix mille mètres carrés d'ateliers en 1917, d'autres sont créés à Boulogne et dans les environs de Lyon; elle emploie près de sept mille ouvriers.
Avec l'armistice, se pose la question de l'avenir des bombardiers sortis tardivement, tandis que le
marché du travail regorge de pilotes expérimentés à la recherche d'un emploi.

Depuis longtemps, Henri Farman estime que l'avenir de l'avion est  dans le transport commercial.
Concurrent du chemin de fer ou du bateau, la locomotion aérienne doit se montrer supérieure sur certaines destinations.
Les frères Farman se lancent dans l'aventure de l'aviation commerciale avec la détermination et organisent les premières lignes commerciales de passagers tout en participant aux concours et aux raids qui assoient leur notoriété. Ils gardent une forte activité de formation au pilotage sans négliger l'aviation de loisirs qui a son public, dès l'après-guerre.

L’aérodrome de Toussus-le-Noble est le cadre de tous ces défis en tant que terrain d'essais des prototypes, base principale des premières lignes aériennes et centre des écoles de pilotage. Son personnel est polyvalent.
Sur les directives de Maurice Farman, le terrain est ouvert tous les jours de l'année.

Les Lignes Farman, par la suite, Société Générale de Transports Aériens (SGTA) sont créées en 1919 et les Grands Express Aériens en 1920. Les deux compagnies sont dirigées depuis Toussus le Noble par Lucien Rougerie.

Les bombardiers sortis à la fin du conflit seront reconvertis pour être utilisés comme premiers avions de ligne. Le Farman 50 devient une berline de transport pour quatre passagers installés dans la soute à bombes. Le mécanicien et le pilote sont à l'air libre. Les bagages occupent le poste du mitrailleur avant et celui de l'arrière accueille d'exiguës toilettes.
Le F50 Limousine entre en service en février 1919 et équipe ensuite les Grands Express Aériens puis Air Union. Sa capacité limitée le destine plutôt au rôle d'avion-taxi dont l'exploitation est facile et peu onéreuse.

Le F60,  un de ses plus fameux avions, bombardier d’origine est reconverti en aérobus.
Baptisé " Goliath " à cause de sa taille, il avait nécessité la construction d'un hangar spécial pour son montage sur le terrain de Mérantais.
Ce hangar fut déplacé sur le terrain de Toussus le Noble vers 1935 et prône toujours à l'entrée de l’aéroport. Connu sous le nom de Hangar Farman, il gardera pour les experts, son nom " le Mérantais " en raison de sa première localisation.

Le Goliath, un appareil à la silhouette très novatrice par rapport aux avions de la guerre était facilement adapté au transport aérien. Les deux membres d'équipage sont à l'air libre, au-dessus du fuselage. C'est dans une cabine fermée, munie de larges fenêtres, que prennent place douze passagers avec la création d’un couloir central qui facilitera leur circulation dans l’avion.
Le Goliath sera l'avion de la première ligne commerciale de transport de passagers de l'histoire aéronautique.

Les frères Farman choisissent comme première destination, l'Angleterre, patrie de leur père. Toutefois le projet se heurte à deux reprises au refus britannique d'un vol civil tant que la paix n'est pas signée. Les douze passagers du premier vol seront donc en tenue militaire.
Le 8 février 1919, Lucien Bossoutrot pilote d'essai chez Farman, secondé par le mécanicien Mulot décolle par ciel clair de Toussus le Noble, sur un sol enneigé. Il atterrit à Kenley, au sud-ouest de Londres après un vol effectué à une moyenne de 115 kilomètres à l'heure. Le lendemain, 9 février, Bossoutrot retourne pour se poser à Toussus, à la moyenne de 125 kilomètres à l'heure. Les deux trajets ont été effectués sans le moindre incident. 
Les 12 et 13 février suivants, avec le second prototype, Bossoutrot accompagné  du mécanicien Guératz récidive sur ligne Paris-Bruxelles ; parmi les passagers se trouvent monsieur et madame Henri Farman. La Presse, qui était invitée à ce second vol, a relaté l'événement avec enthousiasme.
Le 23 mars 1919, les Lignes Farman relient Bordeaux, le 12 août Amsterdam, le 13 août Copenhague. Elles fonctionnent alors avec cinq pilotes et treize Goliath.  

En vol, cet avion est sujet aux brusques variations d'altitude, bousculant fortement les passagers malgré les ceintures de sécurité. Les pilotes évoquent tel voyageur dont la tête, cognant le plafond, apparaît à l'air libre, tel autre, le chapeau coincé jusqu'aux oreilles. Le mal de l'air, les odeurs d'essence dans la cabine font partie du quotidien des trajets. Ainsi, le pilote Bernard Catta relate un caprice du Goliath : « Les coups de roulis avaient aussi leurs caractéristiques, l'aile penchait brutalement d'une forte inclinaison, d'un seul coup.  Les réactions variaient selon le tempérament du pilote, c'était ce qui amusait les mécaniciens.

Le personnel navigant ne reste jamais inactif et la clientèle est surtout formée d'hommes d'affaires, de reporters ou de personnes aisées en quête de sensations.
L'écrivain Colette est l'une des premières touristes aériennes de Toussus. Lucien Coupet, pilote d'essai chez Farman, la trouvait originale et au franc parler.

Il y a toutefois, beaucoup  d'améliorations à apporter quant à la régularité, à la sécurité et au confort des appareils, à la vitesse des avions. L'aviation commerciale débutante s'attaquera à tous ces problèmes pendant la décennie qui suivra la première guerre et Toussus le Noble y aura sa part.

C'est donc sur cette page de l'Histoire qu'Aeriastory a conçu des scénarios évolutifs (hier - Aujourd'hui - demain ) pour célébrer le centenaire de l'aviation civile sur la plateforme de Toussus.
Un projet proposé à la Mairie de Toussus et puis à ADP dans l'axe du plan stratégique "Connect 2020" de son PDG M Augustin de Romanet.  L'association Aériastory, dont les membres avaient organisé : le centenaire de l'aéroport (2007), Aviation 14-18 (2016) - Normandie Niemen (2018) et Journée du patrimoine (2018) apporterait montage et conception à cet événement unique.

Ci-dessous sur issuu le dossier des scénarios présentés à la Mairie en Octobre 2018  :



et téléchargeable au lien suivant  : Dossier Centenaire aviation civile 

Ce centenaire de l'aviation civile dans notre Région  "berceau de l'aviation" serait pour les partenaires potentiels, publics et privés un tremplin que l'Histoire nous offre pour persévérer vers un futur serein d'une plateforme aéronautique mythique sur un plateau en pleine urbanisation.
Une opportunité de lier l'Histoire d'hier au développement économique de demain et faire briller et dynamiser l'image de l'Aviation dans la commune.