mardi 10 mars 2020

Des courses aériennes partent de Toussus-le Noble (1981-1990)

Badge de la course Paris-Pékin-Paris
crédit photo J. Pageix
Ce récit s'appuie, notamment pour la course Paris-Langkawi-Paris, sur l'ouvrage "Malaysia international air race 1990" écrit par Bernard Lamy et Anne Turner, photos Pierre Stahl, Éditions Denoël, dédicacé par son auteur Bernard Lamy : "Au Commandant Pageix qui nous voit partir et revenir, amicalement, Bernard Lamy".

Lors de mon séjour à Toussus-le-Noble, de 1982 à 1997, je fus le témoins de plusieurs courses aériennes qui partirent pour des destinations lointaines, à l'exception de la première, "L'Air Transat", Paris-New-York, qui se déroula au cours de l'année 1981 précédant mon arrivée. Bernard Lamy et l'AOPA (1) en étaient les organisateurs avec Patrick Fourtick, Pilote commandant de bord d'Air France.


Le promoteur de toutes les courses aériennes  qui suivirent jusqu'en 1990, Bernard Lamy, était un "solide" personnage dont la forte personnalité ne pouvait qu'en imposer à des concurrents chevronnés, qui "chevauchaient" des montures aux tailles et aux performances toutes différentes, bi ou mono moteurs. En dépit de cette diversité apparente, Bernard Lamy excellait dans l'art de faire régner le même état d'esprit au sein de tous ces équipages.

Bernard Lamy devant son avion "ange-gardien" de la course:
un Beechcraft King 200
Bernard Lamy, lorsqu'il était cadre (Directeur Export) au sein de l'entreprise TEFAL, avait une importante clientèle au moyen-Orient, ce qui nécessitait pour lui des déplacement longs et éloignés. Il parvint à convaincre sa direction de se déplacer aux commandes de son propre avion, ce qui fut accepté. Pour faire court, notre cadre dynamique commença d'abord à piloter des avions légers monomoteurs, et passa très vite à des appareils bien plus sophistiqués comme les Beechcraft King Air et autres sur lesquels il accumula expérience et heures de vol. Ses trois enfant suivirent les traces du père, la fille en montgolfière et les deux garçons commandant de bord à Air France...

Je ne le rencontrais pas seulement à Toussus à l'occasion de ces courses : en effet, il était comme moi membre de la commission de discipline des personnels navigants non professionnels qui siégeait à la Direction de l'Aviation civile Nord à Athis-Mons, commission auxquelles je participais à l'époque de Toussus, et dont je pris la présidence plus tard, en 1998 (3).

Ces courses nécessitaient bien sûr une importante préparation quant à la logistique et les procédures à mettre en place avec l'organisateur pour le départ de course (circulation aérienne, modalités d'accueil des équipages et du public, etc). Un - voire plusieurs - breafing nous réunissaient à Toussus dans mon bureau avec Bernard Lamy.

Marcel Amont parrain de l'un des concurrents
baptise l'avion au champagne.
La première course à laquelle j'assistai fut la Transafricaine aérienne en 1984. Au petit matin, sur le tarmac face à la Tour, il faisait un "froid de canard"...Je n'ai conservé que cette photo où l'on voit notre sympathique chanteur  Marcel Amont baptiser au champagne l'un des avions concurrents.

Au retour de cette course, un concurrent, Robert Moriaty, passa le 31 mars 1984 sous la Tour Eiffel avec son Piper Bonanza! (4). Bien sûr; il ne manqua pas de filmer son passage entre les arches métalliques (la vidéo cf ci-dessus est encore visible sur You Tube). 


        

Il y eut ensuite "Courrier sud", mais celle-ci était au départ de Toulouse (Montaudran je crois) ; cette course visait à retracer l'épopée des lignes Latécoère vers Saint-Louis du Sénégal, Rio et Natal, avec un retour vers Toulouse.


 Toussus accueillit en 1987 la course Toussus-Pékin-Paris, la plus longue, elle-aussi entreprise par Bernard Lamy ; elle comportait un nombre élevé d'escales et 17 avions. Je ne pouvais m'empêcher d'admirer la somme de travail que représentait l'organisation de ces courses, ne serait-ce que pour l'obtention des autorisation de survol auprès des pays traversés et pour assurer la logistique à chaque escale, sachant que les avions n'y arrivaient pas forcément au même moment ...
Comme on le voit sur cette photo et sa légende, le sénateur Ernest Cartigny et Serge Dassault vinrent visiter les équipages (5).


Le Dr Ghaith Pharaon (ci-après), Président du groupe Tradigrain SA, présidaient avec Richard Fenwick (6) la conférence de presse à Paris. Je rencontrais à nouveau ce personnage lors de l'inauguration du parc Astérix à laquelle j'assistais plus tard. Il y avait également notre DGAC de l'époque, Daniel Ténenbaum.

Daniel Ténenbaum qui figure sur cette photo fut notre Directeur Général de l'Aviation Civile de 1982 à 1989. Il fut nommé ensuite directeur des autoroutes du Nord et de l'Est.
Gérard Pabot était un animateur de meeting aériens et autres manifestations à caractère aéronautique.

Je n'ai plus aucun souvenir de la course "Route de la Vanille-Roland Garros" qui, je crois, partit en 1988 du Bourget.

Gérard Pic et Délio Iglésias
concurrents mais néanmoins amis.
En revanche, j'ai conservé des souvenirs plus précis et plusieurs photos de la course qui suivit : la " Malaysia International Air Race", qui décolla de Toussus vers Langkawi un jour de 1990. Les escales à l'aller furent Bahrain, Dacca, et au retour Johor, Bahru, Delhi, Dubaï et Amman.

L'équipage du Malaysia
pose devant son avion, un Cessna 402.
Il y avait-là des personnalités du monde aérien, comme Gérard Pic, directeur de l'école IFR Aéro-Pyrénée à Perpignan et Delio Iglésias (parent du footballeur-chanteur), Pilote IFR directeur d'entreprise à Toussus-le-Noble.


Le départ de la course fut symboliquement donné par la reine Noor, épouse du roi Hussein de Jordanie. En effet, la Royal Jordanian concourait sur un Piper Aérostar aux couleurs de cette compagnie.

On lui confia l'un de nos pistolet d'alarme, matériel dont la tour de contrôle était dotée pour lancer des fusées d'interdiction (rouge) ou d'autorisation (verte), notamment en cas de panne radio de part ou d'autre.

La reine Noor et l'équipage de la Jordanian
La reine tira donc une fusée verte et les premiers avions s'ébranlèrent sur le tarmac pour rejoindre le seuil de piste. 

La course Malaysia fut clôturée par une remise des prix solennelle dans les locaux de l'Aéro club de France (7), où Bernard Lamy dédicaça son livre et m'en offrit un exemplaire.


Le fameux pistolet, reformé (coll privée)
(1) : AOPA: Aircraft Owners and Pilots Association, association des pilotes propriétaires d'avion.

(3) : Une commission de discipline des personnels navigants non professionnels était instituée pour chaque région aéronautique. Elle était composée se membre des différentes instances représentatives de l'aviation légère. 

(4) : À rapprocher de l'exploit de Charles Godefroy qui passa sous l'arc de Triomphe le 7 août 1919. Cet exploit fut renouvelé par Alain Marchand,  le 18 octobre 1981 avec un MS 880 "Rallye" 100 cv . Alain Marchand était pilote instructeur de la SOCATA à Toussus-le-Noble (Monseur Ricordeau lui succéda).

le pilote Alain Marchand

Alain Marchand, ancien de l'aéro-navale, était un pilote instructeur très sympathique, que j'ai connu à Toussus-le noble dès mon arrivée en 1982. il s'était en quelque sorte sanctionné lui même en remettant ses licences à l'autorité. Il "s'exila" à Madagascar où il se consacra au travail aérien et à l'instruction pilote privé. Il me raconta comment il s'était entraîné à Étampe entre des piquets de plus en plus rapprochés jusqu'à atteindre la largeur de l'arche. À Toussus, il eut un jour le feu à bord d'un Robin 3000 au cours d'une séance d'instruction. Grâce à son sang-froid, il put poser l'avion avec son élève dans un champ. Il raconta son "exploit" dans un film vidéo dont il m'offrit une copie. 



(5) : Un autre sénateur Bernard Parmantier, avait lancé en 1981 les enquêtes sur l'aviation légère 
qui donna lieu à un rapport remis au 1er ministre Pierre Maurois en 1982 auquel j'avais modestement participé alors que j'étais en Auvergne où il était venu nous visiter au District Aéronautique.

L'Aéro club de France, vieille et noble institution qui délivrait les Brevets par délégation de l'État .

J'ai bien connu et apprécié l'un des président de l'Aéro club de France, le général Cuffaut, rencontré à Toussus-le-Noble alors qu'il était Président de l'Aéro club Weiller qui utilisait des avions à commandes manuelles pour les personnes à mobilité réduite basé aux Mureaux. Ces avions venait à Toussus zone Est pour se faire équiper. Un jour, le pilote PMR aux commandes, moteur au ralenti, attendait que l'instructeur le rejoigne et, malencontreusement, l'avion  s'élança, traversa le parking central et termina sa course dans le Bell 47 de Monsieur Ramos, que celui-ci venait de remettre à neuf !...
Général Léon Cuffaut (1911-2002),
Pilote de Chasse, As du Régiment N-
N.
Président de l'Aéro-club Paul-Louis Weiller, 
Président de l'AéCF de 1962 à 1982
  Il fut comme moi membre de la Commission de discipline des pilotes privés que l'on me fit présider plus tard, un peu à mon corps défendant...


 (6) : Richard Fenwick se crasha en délivrant un vol d'instruction sur Hélico dans la zone d'entraînement hélico de Guyancourt (zone "Tango"), située entre l'ancien aérodrome de Guyancourt que l'on venait de fermer et l'aérodrome de Toussus. Cet accident sonna le glas de cette zone qui fut fermée par le préfet en 1990, soit une année seulement après la fermeture de Guyancourt. La recherche de nouveau sites (rapport Chappert etc) s'apparenta à la quadrature du cercle...Richard Fenwick, qui fit longtemps sur Europe 2 des émissions de radioguidage en région parisienne en direct depuis son hélicoptère, trouva la mort le 14 juillet 2008 dans un accident d'avion.


Bibliographie:
-Livre "Malaysia international air race 1990" écrit par Bernard Lamy et Anne Turner, photos Pierre Stahl, Éditions Denoël;
-Article de Régis Noye "Paris-Pékin-Paris, le succès d'une grande première".



Toussus port d'attache du dirigeable Fuji