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| Le Cormoran vu de l'intérieur du hangar Farman - recolorisé AeriastorIA |
Le tarmac de l'aérodrome de Toussus-le-Noble, à l'ombre de ses hangars
historiques, est bien plus qu'une simple piste d'atterrissage. Il est le témoin privilégié de l'histoire tumultueuse de l'aviation française, marquée par le
génie de ses pionniers, le départ de l'aviation civile, la tourmente de la nationalisation, et l'audace de
l'innovation technologique.
L'Âge d'Or des Frères Farman
L'histoire commence véritablement au début du XXe siècle avec les célèbres
frères Henri, Maurice et Dick Farman. Ces visionnaires font de
Toussus-le-Noble leur base d'opérations principale dès 1909-1910. L'aérodrome
devient alors un véritable berceau de l'aviation, servant à la fois
d'école de pilotage renommée et de terrain d'essais pour leurs créations.
L'usine Farman produit des avions par milliers pendant les guerres, et leurs
écoles forment des générations de pilotes. Aujourd'hui encore, des structures
comme le Hangar du Méranais rappellent cette période où le nom
"Farman" était synonyme de suprématie aérienne.
La Nationalisation et la Naissance de la SNCAC
En 1936, dans un contexte de crise économique et de tensions
internationales, l'État français nationalise une grande partie de son industrie
aéronautique. La société Avions Farman est démantelée, et ses actifs
sont regroupés pour former la Société Nationale des Constructions
Aéronautiques du Centre (SNCAC) en 1937.
C'est une transition, mais aussi une continuité. Le personnel
qualifié et le savoir-faire des bureaux d'études Farman sont intégrés à la
SNCAC. Après la Seconde Guerre mondiale, c'est ce même héritage qui va se
lancer dans des programmes ambitieux, souvent audacieux.
Le "Cormoran" et l'Expérimentation du NC
1071
Au lendemain de la guerre, la SNCAC, opérant depuis des sites historiques
comme Toussus, cherche à reconstruire l'industrie nationale. Deux programmes
illustrent parfaitement cette quête :
1. Le Géant Malchanceux : Le Cormoran
L'avion de transport lourd SNCAC NC.211 Cormoran est l'un des
projets les plus emblématiques de cette époque. Imaginé pour relancer le
transport civil et colonial, ce quadrimoteur à pistons, souvent aperçu sous le
grand hangar du Méranais , symbolise la volonté de grandeur française.
Cependant, le destin du Cormoran fut tragique. Malgré son premier
vol en 1948, il fut victime d'une série d'accidents et de défauts de
conception, menant à l'arrêt du programme et, peu après, à la dissolution de
la SNCAC en 1949. Il reste dans la mémoire comme l'ultime — et infortuné —
représentant de l'ère des gros porteurs à hélices issus des bureaux d'études
Farman.
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| NC 1071 à Toussus (Coll. R Mouton) recolorisée AeriastorIA |
2. L'Aube de l'Ère du Réacteur : Le NC 1071
Simultanément, la SNCAC se tourne vers l'avenir : la réaction. Le SNCAC NC 1071 Belphégor, une transformation radicale d'un prototype à pistons, devient un banc d'essais volant biréacteur pionnier. Effectuant son premier vol le 12 octobre 1948 depuis Toussus-le-Noble, il est le premier multi réacteur français

