mercredi 18 juin 2025

VGP et le SIAB impulsent le circuit pedestre Aériastory : "Berceau de l'aviation"

SIAB - Aeriastory
Jouy en Josas 2025 

Jouy-en-Josas, Yvelines – Le projet de circuit de randonnée "Berceau de l'aviation", initié en 2007, lors du Centenaire de l'Aéroport de Toussus le Noble, est sur le point de devenir une réalité. 

Une récente réunion du Syndicat Intercommunal d'Aménagement de la Bièvre (SIAB), tenue en Mairie de Jouy-en-Josas, a marqué une étape décisive pour cette initiative qui vise à valoriser le riche patrimoine aéronautique de la région.

La réunion a rassemblé les maires et délégués des communes membres du SIAB, couvrant des territoires dans les Yvelines (Buc, Châteaufort, Jouy-en-Josas, Les Loges-en-Josas, Toussus-le-Noble) et l'Essonne (Bièvres, Igny, Saclay, Vauhallan, Verrières-le-Buisson). 

L'association Aeriastory a eu l'opportunité de présenter au Comité ce circuit d'envergure. 
Une boucle de 16 km, mettra en lumière l'histoire de l'aéronautique dans cette région, souvent qualifiée de "berceau de l'aviation". 
Sa concrétisation sera le fruit d'une collaboration étroite entre VGP, les partenaires du SIAB, le Comité Départemental de Randonnées Pédestres des Yvelines (CDRP78) et Aeriastory. 

Ce projet, qui prend désormais rapidement forme, promet de contribuer significativement à la promotion et à la valorisation du terroir, offrant une nouvelle façon de découvrir histoire et paysages.

lundi 16 juin 2025

De l'Héritage de Pénaud aux ailes volantes, de Toussus et de Guyancourt

Armstrong Whitworth AW52

Toussus-le-Noble, France – En 2024, une exploration conjointe de l'AMVSQY et de l'ESTACA sur l'ingénieuse aile volante d'Alphonse Pénaud a rouvert un chapitre fascinant de l'histoire de l'aviation. 
Cette recherche, qui nous transporte en avril 1946 lors de la fête aérienne de l'aéroport de Toussus-le-Noble, révèle une anecdote inattendue : la présence d'une star hollywoodienne, Cary Grant. Bien avant de courir "la mort aux trousses", l'acteur américain fut visiblement subjugué, confiant n'avoir "jamais rien vu de tel outre-Atlantique".

La revue "Décollage" de l'époque témoignait de l'effervescence qui régnait sur l'aérodrome de Toussus : "En présence du ministre Charles Tillon, trente appareils de tous genres, avions et planeurs, ont évolué au-dessus du terrain, en survitesse et au ralenti. Ils étaient pilotés par la plupart de nos plus grands as : Doret, Destrée, Marcelle Choisnet... qui ont, une fois de plus, fait la preuve de leurs hautes qualités, tout en mettant en valeur la production française aéronautique légère et privée."

Au milieu de ces démonstrations, un appareil a particulièrement captivé l'attention du journaliste et qualifié de "production d'avant-garde" : une aile volante
Décrite comme un "avion d'étude qui représente une belle tentative dans l'étude de l'aviation de tourisme de l'avenir", elle soulevait alors une question : à quoi pouvait bien ressembler cette mystérieuse machine présentée à Toussus et dont le constructeur n'était pas désigné ?

AW52 - Salon de l'Aviation
Grand Palais 1946

Un indice au Grand Palais : l'Armstrong Whitworth A.W.52

Un bref retour en arrière, au Salon de l'Aviation tenu au Grand Palais en 1946, offre un indice précieux. Parmi les exposants figurait une aile volante britannique : l'Armstrong Whitworth A.W.52. Cet avion expérimental biplace, propulsé par deux réacteurs, se distinguait par ses dérives en bout d'aile et un train d'atterrissage tricycle rétractable.

L'histoire de l'A.W.52 remonte à la Seconde Guerre mondiale, lorsque le constructeur britannique Armstrong Whitworth entreprit l'étude d'un avion de transport novateur conçu par John Lloyd. La construction débuta en mars 1943, et le prototype effectua son premier vol le 2 mars 1945, tracté par un bombardier Armstrong Whitworth A.W.38 Whitley. Les essais se poursuivirent jusqu'en 1947, avec des largages du planeur à une altitude impressionnante de 6 100 mètres, permettant des vols d'une trentaine de minutes.

Les pionniers français : Charles Fauvel et ses Ailes Volantes

Cependant, l'A.W.52 n'était pas la première incursion dans le domaine des ailes volantes. Quelques années auparavant, un pionnier français, Charles Fauvel, développait déjà son expertise en la matière. Fort de ses observations à Vauville dans les années 1920, Fauvel déposa un brevet sur la formule "aile volante" et se lança dans la construction d'un prototype intégrant ses théories : l'AV-2 (AV pour Aile Volante), précédé d'une maquette de laboratoire, l'AV-1.

AV10 Fauvel - Guyancourt
La construction de l'AV-2 débuta vers le milieu de l'année 1932, sous l'égide des établissements Guerchais. Doté d'un profil autostable conçu par Georges Abrial, cet appareil polyvalent s'adressait aussi bien aux amateurs de vol motorisé qu'aux vélivoles. Ingénieusement, son moteur, monté sur un pylône au-dessus du fuselage, pouvait être démonté rapidement pour transformer l'avion en planeur.

L'AV-10 marqua une étape cruciale, devenant le premier avion de conception Fauvel à prendre son envol en 1935. Ce biplace côte à côte, équipé d'un moteur Pobjoy de 75 chevaux, fut présenté au XVe Salon de l'Aéronautique au Grand Palais à Paris, du 13 au 29 novembre 1936, aux côtés d'autres aéronefs légers tels que le Salmson "Cricri", le Potez 60, le Léopoldoff "Colibri" et le Peyret "Taupin".

L'année suivante, en 1937, l'AV-10 établit un nouveau record d'altitude dans sa catégorie en atteignant 5 791 mètres, devenant ainsi la première aile volante à obtenir un certificat de navigabilité. Malheureusement, cet exemplaire unique aurait disparu en 1940, réquisitionné par les troupes allemandes.

AV10 Fauvel - Guyancourt

Bien que d'autres modèles et maquettes d'ailes volantes aient été conçues et construites à cette époque, le recoupement des dates, le manque d'information sur le constructeur étranger,  méconnu du reporter qui mettait en valeur les ailes françaises, suggère fortement que l'appareil présenté lors de la fête aérienne de Toussus en 1946 serait l'impressionnant Armstrong Whitworth A.W.52, témoignant de l'attrait et de l'avant-gardisme de cette configuration aéronautique fascinante.

lundi 9 juin 2025

Quel Avenir pour Notre Territoire ? Les Scénarios qui Dessinent Demain

Plénière  groupe de prospective pluri communal
Loges en Josas
LES LOGES EN JOSAS – Le groupe de prospective pluri communal s'est réuni récemment aux Loges en Josas pour une dernière séance avant les vacances d'été. L'objectif de cette rencontre était de résumer le travail des groupes de travail formés pour définir les scénarios futurs de notre territoire et anticiper les changements à venir. Plutôt que de se limiter à une seule vision, les participants ont exploré plusieurs trajectoires possibles, chacune marquée par des mutations de diverses ampleurs.

"Le Fil de l'Eau" : La Continuité en Question 

Le premier scénario envisagé, baptisé "Le Fil de l'Eau", représente la poursuite des tendances actuelles. Dans cette vision, les structures économiques et sociales évoluent progressivement, sans ruptures majeures. C'est le "business as usual", où les défis sont gérés par des ajustements progressifs des politiques existantes. Ce scénario sert de point de départ pour mesurer l'impact potentiel de ruptures plus profondes. 

Des Scénarios de Rupture : Quand le Paysage Bascule :

Au-delà de cette trajectoire de continuité, le groupe a identifié plusieurs scénarios de rupture qui pourraient transformer radicalement le territoire :

  • Autonomie Radicalisée : Ce scénario imagine un avenir où le territoire serait contraint à une forte autonomie, voire à l'autarcie. Cela entraînerait une mutation radicale vers une agriculture de subsistance, reléguant les autres objectifs économiques au second plan. La capacité du territoire à s'auto-suffire deviendrait alors primordiale.
  • Urbanisation Massive : Un autre futur possible est celui d'un afflux significatif de populations ou d'activités, provoquant une urbanisation massive. Le maintien de la protection des espaces naturels et agricoles productifs deviendrait dans ce cas un défi colossal, mettant sous pression les ressources et l'environnement.
  • Dépérissement et Isolement : Plus sombre, ce scénario envisage le dépérissement des structures économiques et politiques à une échelle plus large, laissant le territoire seul face aux conséquences du changement climatique, d'une crise écologique ou sanitaire majeure. La résilience locale serait alors mise à rude épreuve.

Les Apports des Groupes de Travail : Des Perspectives Complémentaires

Les réflexions issues des groupes de travail ont enrichi cette vision en apportant des scénarios supplémentaires :

  • Voies Nouvelles & Aube des Communs : Ces visions explorent l'émergence de solutions innovantes et d'une gestion collective des ressources, ouvrant la voie à des modèles de développement plus coopératifs et durables.
  • Adaptation au Changement Climatique : Ce scénario se concentre spécifiquement sur les transformations nécessaires pour s'adapter concrètement aux impacts climatiques, soulignant l'urgence de mesures proactives.
  • Crises de la Chaîne Logistique & Géopolitique : Ces scénarios mettent en lumière la vulnérabilité du territoire face aux ruptures d'approvisionnement mondiales ou aux bouleversements géopolitiques, insistant sur la nécessité de renforcer les circuits courts et la résilience locale.

Préparer l'Avenir : Une Nécessité Collective

Ces différents scénarios sont des outils précieux pour anticiper. 
Ils invitent à imaginer les défis et les opportunités de demain, et à préparer collectivement le territoire à un avenir incertain. 
Des propositions  sont actuellement à l'étude pour la prochaine rentrée de septembre, marquant une vision dans la construction du futur de notre territoire.


mercredi 4 juin 2025

Aeriastory & SIAB : Le Rayack-43, une Histoire Oubliée de l'Aviation Française au Liban

Forêt des Cèdres - Liban
Genèse du Normandie-Niemen (Aériastory)
En collaboration avec le SIAB et VGP, la préparation d'une piste pédestre sur le thème des pionniers de l'aviation nous a mené au site internet du Domaine de Monteclin. C'est là qu'est mentionné le nom de Jean Demozay, dont l'avion s'est tragiquement écrasé en 1945 dans le parc du Château des Côtes aux Loges-en-Josas.

Cette coïncidence géographique nous ramène à 2017, lorsqu'Aeriastory a eu l'opportunité de revisiter la base aérienne de Rayack au Liban. Le commandant de la base nous a alors raconté l'histoire d'un célèbre avion français, le Rayack-43, qui y avait été construit. 
Cette anecdote nous a poussés à nous interroger : le premier avion de la France Libre et des FAFL aurait-il vu le jour au Liban ?

La Résurrection des Forces Aériennes Françaises

Revenons en 1943, en Algérie, où le Général de Gaulle s'attelait à la refondation des Forces Aériennes Françaises Libres (FAFL). Il nomma le Général René Bouscat Chef d'état-major de l'Armée de l'Air. Le 8 août 1943, une conférence majeure à Alger aboutit à l'adoption du "Plan VII" de Bouscat par les Alliés. Ce plan ambitieux visait à créer, avant le printemps 1944, 30 groupes aériens modernes (chasse, bombardement, défense côtière, reconnaissance, transport) répartis entre la Grande-Bretagne, la Méditerranée et l'URSS.

Rayack, un Point Stratégique au Levant

À cette époque, la France conservait une présence significative au Levant, notamment au Liban et en Syrie. En 1941, durant la Seconde Guerre mondiale, l'aérodrome de Rayack, situé dans la plaine libanaise de la Bekaa et sous le contrôle du gouvernement de Vichy, devint un site stratégique. Son utilisation par les Allemands provoqua l'intervention des forces britanniques et des Forces Françaises Libres, menant à une période sombre de "guerre fratricide", documentée dans nos articles et vidéos sur la genèse du Normandie-Niemen et les périples de Jean Tulasne, commandant de l'escadrille Normandie qui deviendra le fameux Neuneu.

La Mission du Colonel Morlaix et la Naissance du Rayack-43

À l'été 1943, le Général de Gaulle confia une mission cruciale au Lieutenant-Colonel Jean-François Demozay, plus connu sous le nom de Morlaix. Son parcours était extraordinaire : bien que réformé à l'origine, il devint un pilote émérite au sein de la Royal Air Force, accumulant 24 victoires. De Gaulle lui donna pour directive de mettre en place une formation de pilotes français, dispensée par des instructeurs français, sur des avions français, et sur une base française.

Morlaix accepta cette tâche avec enthousiasme, et la base de Rayack fut désignée pour ce projet ambitieux. Le principal défi résidait dans l'absence d'un avion-école adapté pour la formation des nouveaux pilotes. 
C'est alors que de Gaulle le mit au défi : "Vous n'en avez pas ? Eh bien, vous le construirez, Morlaix !"

Avec le soutien de l'Aspirant Raymond Forgeat et des ingénieurs André Conche et Georges Khairallah, ils firent une découverte providentielle : un Caudron C600-Aiglon. Probablement celui de Suzanne Kohn, laissé en Syrie lors de son raid Paris Madagascar en 1939. C'est un excellent avion d'entraînement nécessitant seulement une remise en état. Morlaix prit la décision de construire douze appareils identiques, qu'il baptisa Rayack-43, en hommage au lieu et à l'année de sa fabrication.

Malgré les pénuries de matériaux, l'équipe de Morlaix, composée de dessinateurs talentueux comme Roger Simon et Jean Ouvrard, et d'ouvriers libanais, travailla sans relâche. Ils durent se procurer du contre-plaqué en Turquie et trouver des moteurs De Havilland «Gipsy Major» de 130 ch (utilisés sur les Tiger Moth) dans les stocks de la RAF pour remplacer les moteurs Renault d'origine.

Le premier Rayack-43 fut achevé en mars 1944. Morlaix insista pour être le pilote du vol inaugural, malgré les inquiétudes de son entourage. Le vol fut un succès retentissant, confirmant la viabilité de l'appareil et la qualité du travail accompli. Morlaix espérait alors accélérer la production pour former une petite escadrille volante.

La Fin du Projet et le Destin Tragique du Colonel Morlaix

Malheureusement, ce succès fut de courte durée. En avril 1944, le Colonel Morlaix fut rappelé à Alger pour une mission en URSS, puis pour prendre le commandement du Groupement Léger Patrie en France libérée.

À Rayack, l'arrivée d'un nouveau commandant mit fin au projet. Jugeant la fabrication des Rayack-43 inutile, il licencia le personnel libanais et les prototypes furent détruits. Dégoûtés, Conche démissionna et Forgeat rejoignit les parachutistes.

Tragiquement, le Colonel Morlaix trouva la mort le 19 décembre 1945, à moins de 40 ans, dans un accident d'avion. 
Le bimoteur militaire NC.701 «Martinet» à bord duquel il se trouvait, en provenance de Londres, pour Velizy-Villacoublay, s'écrasa dans le parc du château des Cotes aux Loge-en-Josas, non loin des terrains de Buc et de Toussus-le-Noble. Tous les passagers périrent dans l'accident. Morlaix laissa derrière lui un palmarès impressionnant et le souvenir d'un homme qui, face à l'adversité, avait su construire un avion de toutes pièces pour servir la France Libre.

C'est une histoire fascinante de résilience et d'ingéniosité dans des circonstances extrêmes.