dimanche 4 août 2024

Toussus, Farman et l’aviation au Japon

Délégation Japonaise à Toussus le Noble 1910
Coll. Aériastory
Dès le début des relations entre la France et le Japon dans les années 1860, le domaine militaire joue un rôle prépondérant. La France apporte au Japon ses technologies et son savoir-faire, dispensé sur place par ses ingénieurs, et fournit le matériel d’armement le plus récent.

De 1886 à 1890, c’est la modernisation de la Marine impériale par l’ingénieur Émile Bertin qui conçoit ses nouveaux navires dont certains sont commandés en France et à partir des années 1910, la France fournit des avions de chasse et du matériel aéronautique.

Le Japon s’est intéressé à l’aviation, d’abord aux montgolfières, dès la fin de la période d’Edo. C’est un Français, Yves Paul Gaston Le Prieur (1885-1963), attaché naval auprès de l’ambassade de France à Tokyo, qui, avec son ami le capitaine Aibara Shirō 相原四郎 (1879-1911), va faire voler le premier planeur, construit de leurs mains en bambou et remorqué sur la place d’Ikenohata à Ueno le 26 décembre 1909, sur une longueur de 130 mètres et à une hauteur de 10 mètres. 

Le premier pilote japonais est formé en France, il s’agit de Tokugawa Yoshitoshi 徳川好敏 (1884-1963). Il rapporte de France un Henri-Farman avec lequel il effectue le premier vol d’un avion au Japon le 19 décembre 1910 sur le champ de manœuvre de Yoyogi à Tokyo. Le Henri-Farman, devenu célèbre, se retrouvera dans de nombreuses illustrations.

L’année 1911 s’avère une année charnière pour le Japon : les dirigeants politiques et militaires prennent conscience de l’importance de l’aviation qui exerce un attrait stratégique par la garantie qu’elle offre en matière de défense du pays et de protection de ses colonies, Formose et la Corée. Pour se constituer une force aérienne, le Japon se tourne vers la France qui est à l’avant-garde dans ce domaine, aussi bien sur le plan du matériel que de la pratique. Une mission de la Marine impériale visite la France en 1911, dirigée par le vice-amiral Shimamura Hayao 島村速雄 (1858-1923) qui visite l’école de pilotage de Maurice Farman (1877-1964) à Toussus  et fait son baptême de l’air avec le célèbre industriel comme pilote. En décidant de répondre favorablement à cette requête du Japon, la France pense à ses intérêts en Asie, notamment à l’Indochine. Cette coopération entre, de plus, parfaitement dans le cadre de l’arrangement de 1907. 

Un Farman à Oihama (Japon)
Une relation étroite se construit dans ce nouveau domaine de l’aviation, la France va transférer vers le Japon son savoir-faire et ses technologies pendant plus de vingt ans : dès 1912, formation de nouveaux pilotes japonais en France, fourniture d’avions Maurice Farman, Nieuport, Spad et Morane-Saulnier. L’armée de terre installe une première base à Tokorozawa dans le département de Saitama juste au nord de Tokyo, et la Marine sa première base aéronavale près de Yokosuka à Oihama (plus tard Oppama) avec des hydravions Maurice Farman, ensuite avec plusieurs Nieuport commandés en France en 1913.

Par le jeu des alliances, dont l’arrangement de 1907, le Japon déclare la guerre à l’Allemagne le 23 août 1914 ; le lendemain, une escadrille de l’armée de terre, composée de quatre Maurice-Farman et d’un Nieuport s’envole de Tokorozawa vers la Chine, suivie par celle de la Marine composée des quatre hydravions récemment acquis en France. À la suite de nombreux bombardements aériens, la concession allemande de Tsingtao (Qingdao) tombe le 7 novembre.

Source (https://journals.openedition.org)